Quelles conséquences sur la reproduction des génisses lorsque les besoins en minéraux et vitamines ne sont pas couverts?
Élever des génisses nécessite un apport en minéraux complémentaires.
Que les génisses soient élevées au pâturage ou en stabulation pendant l’été, il est primordial de continuer à bien les complémenter en minéraux et vitamines. Si les génisses sont à l’extérieur, leurs besoins en vitamines pourront être couverts en général par l’herbe jeune de printemps.
Dans la plupart des cas les génisses recevront une part des minéraux via l’herbe ingérée, mais en fonction du type de zones où elles pâturent, en particulier selon les conditions de croissance de l'herbe- à savoir le type de sol, la quantité d'engrais, l'eau et la température extérieure, etc. ., la teneur en minéraux varie. L'année 2020, par exemple, a été une très bonne année de croissance pour l'herbe, et la majorité des agriculteurs ont obtenu de bons rendements en termes de quantité.
Mais qu'en est-il de la qualité ? Les minéraux sont disponibles dans le sol dans certains bassins. Dans une année de bons rendements, ce pool de minéraux sera exporté en plus grande quantité, avec pour conséquence une dilution de la teneur en minéraux de l’herbe.
La figure ci-dessous illustre la variation moyenne au cours des années de la teneur en sélénium dans l'ensilage de trèfle en culture conventionnelle. En 2018, lors d'une sécheresse extrême, la teneur en sélénium était nettement plus élevée que les autres années. Ce n'est pas dû à un niveau de sélénium réellement plus élevé cette année-là, mais à un rendement beaucoup plus faible. En 2020, lorsque l'herbe poussait très bien dans la plupart des régions, la teneur en sélénium des fourrages était moindre, du fait de rendements plus élevés. Pour assurer la couverture des besoins en minéraux des animaux tout au long de l’année, une supplémentation avec un composé minéral s’impose.
La reproduction est dépendante de la supplémentation en minéraux.
Que se passe-t-il pour la reproduction des génisses si les besoins en minéraux ou oligo-éléments ne sont pas couverts ? il existe différents niveaux de déficits et de ce fait des conséquences variables. Nous allons tenter ici d’en donner un aperçu très simplifié.
L’ovulation, l’oestrus, etc… sont sous contrôle hormonal. Les différentes hormones doivent être actives à différents stades du cycle de reproduction, cela nécessiterait un article à part entière pour expliquer ce métabolisme et nous ne l’aborderons pas ici. L'ovule grandit et se développe sous l’action de l'hormone folliculo-stimulante FSH. L’ efficacité de la FSH dépend de la présence en abondance, entre autres, de vitamine E. Lorsque l'ovule se détache du follicule dans lequel il s’est développé, le reste du follicule se transforme en corps jaune. Le corps jaune produit les œstrogènes, qui déclenchent les chaleurs des génisses. La quantité d’oestrogènes détermine l’intensité des signes de chaleurs. Le manganèse, entre autres, intervient sur la formation et le fonctionnement du corps jaune.
Les chaleurs augmentent le niveau de stress
Lorsque la génisse est en chaleurs, les hormones circulent et les signaux qui les accompagnent sont totalement inconnus du métabolisme de la génisse, qui devient physiologiquement stressée. Cela engendre un stress oxydatif au niveau cellulaire - les cellules ne peuvent tout simplement pas travailler sous haute pression. Ce stress oxydatif produit de nombreux déchets - les radicaux libres. Ils doivent être neutralisés ou transportés loin des cellules, afin de ne pas endommager la paroi cellulaire. La lutte contre ces radicaux libres requiert des antioxydants notamment la vitamine E et le bêta-carotène, et différentes enzymes qui permettent de les décomposer. Les radicaux libres contiennent des oligo-éléments, qui jouent un rôle essentiel. Le zinc et le cuivre sont parmi les plus importants. Enfin, il existe une issue de secours sous forme de sélénium. Cet oligoélément peut en partie réparer les dommages causés par les radicaux libres à la paroi cellulaire. Par conséquent, le sélénium est l'un des minéraux essentiels dans la complémentation des génisses.
Un déséquilibre physiologique détériore la reproduction des génisses
Si les minéraux et les vitamines ne sont pas présents en quantité suffisante, la fonction reproductrice du cycle de vie sera mise en veille en premier lieu. Il n'est pas essentiel à la survie de l'individu qu'il ovule et soit fécondé. Par conséquent, ce seront toujours les organes vitaux ainsi que la croissance et la fonction musculaire en général qui auront la priorité, car le ruminant est un animal fugitif par nature. Il est plus important qu'il puisse bouger que de se reproduire. Ainsi, dans une situation de carence minérale majeure, la génisse peut ne pas ovuler du tout. Dans les cas plus légers de carence, il peut y avoir une ovulation, mais sans aucun signe d'œstrus visible, car le corps jaune n'est pas formé correctement. Alternativement, la ponte ovulaire peut avoir lieu et l’ovule peut être fécondé, mais est ensuite endommagé par les radicaux libres susmentionnés. Avant que l'embryon ne se fixe à la paroi utérine et ne commence à se développer, il périra. Tous ces processus se déroulent au niveau cellulaire et il est donc pratiquement impossible de les détecter au jour le jour. En général, on conclura que la génisse n'est pas venue du tout en chaleurs ou qu'elle n' a pas été fécondée par l'insémination. Chez la génisse les problèmes de reproduction seront l'un des premiers et principaux indicateurs d’un déséquilibre ou déficit des apports en minéraux et vitamines.
Les apports en minéraux sont nécessaires
La supplémentation en minéraux des génisses sera faite toute l’année. Pendant l'hiver, il est également important d’apporter des vitamines, afin qu'une carence ne devienne pas le facteur limitant du bon fonctionnement de la reproduction. En été, avec de grandes quantités d'herbe fraîche disponibles, un minéral d'été simple suffit. Fondamentalement, choisissez un composé minéral spécialement adapté aux génisses. Ceux-ci sont formulés avec, entre autres, un niveau élevé d’oligoéléments pour les animaux en croissance.